Réflexion doutes voyage

Le soleil brillait hier mais je ne l’ai pas vu. Je suis restée enfermée dans l’ombre de mes « il faut que », sans envie. Tu sais, je crois que je ne suis vivante qu’ailleurs. Je suis le témoin impuissant de ces heures qui passent en n’apportant ni découverte, ni émerveillement, ni dépassement.

Il faut que je fasse tant de choses et je n’y arrive pas. Je ne sais plus que faire par passion. Le reste m’ennuie. Enfant gâtée par le bonheur que je touche si régulièrement, je n’aime pas faire ce qui m’ennuie. Alors j’attends, je me traîne jusqu’au prochain départ. Quand le soleil vient à décliner, je me demande où est passée cette journée de vie sur Terre. Demain ne sera pas comme ça. Il faut que je fasse tant de choses avant de partir. Je sais que j’y arriverai ; j’y arrive toujours. Mais je le ferai sans goût. Vide d’envie. Molle.

Le voyage m’a fait perdre des amis. Je suis vivante ailleurs et tous ne m’ont pas attendue. Je suis trop déçue pour leur courir après, pour sauver ces amitiés qui autrefois me nourrissaient. J’attends. J’attends là le prochain départ, la prochaine vie. Mais les rencontres éphémères peuvent-elles remplacer les amitiés perdues ?

J’ai tant de projets, si tu savais. Il va en falloir de l’énergie pour les réaliser. J’en regorge quand je veux. Mais ces projets-là peuvent-ils vraiment se réaliser ? Serai-je à la hauteur de toutes mes ambitions ? Et après, de quoi rêver ? Après est trop loin. Je ne vois que ma liste des « il faut que ». Et il faut que je les prenne un par un. Aucun n’est insurmontable.

Je regarde où je veux aller. J’observe ceux que j’admire. Il me paraît y avoir des montagnes à franchir avant d’y arriver. Ai-je les épaules pour le faire ?

Quand l’ennui me freine, la culpabilité finit par me rattraper. Je déteste ne rien faire, je n’aime celle que je suis quand je m’ennuie. J’ai peur de t’ennuyer.

En écrivant ces lignes, je ne sais pas encore si je vais les publier. À qui adresser cette lettre ? Aux amis perdus ? À moi-même peut-être ? Que peut-elle apporter ? L’immobilité me rend fade. Je sens que le voyage est un besoin. Oui, la route hurle mon nom. Je ne peux pas rester ici à détester celle que je suis ; à avoir la culpabilité comme seul moteur. Et tout mon corps espère que le voyage est la réponse. J’ai sans doute besoin d’étancher cette soif pour revenir plus sereine, plus entière.

Je ne suis vivante qu’ailleurs car mon esprit est trop occupé à s’émerveiller pour laisser de la place aux « Et si ? ». Et si, en fait, j’étais quelqu’un de triste ? Non ça, je ne peux y croire. Et demain, déjà, tout ira mieux. Je suis faite de projets et c’est l’inaction qui me pèse. Je bouge pour m’en défaire. J’ai tant de choses à faire et c’est en les faisant que je pourrai partir, mener mes projets, réaliser mes rêves. Alors oui, il faut que je les fasse avec le sourire. Hier est gâché mais le soleil brillera aussi demain.

Je t’embrasse.

Léa

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Cet article a 7 commentaires

  1. Madame Bougeotte aka Pauline

    Coucou,

    Aaah je comprends ce sentiment… ce moment où tu as une journée et que tu te dis que tu DOIS être productive mais le soleil brille et tu n’as qu’une envie, être dehors à gambader et t’émerveiller…
    J’ai souvent ce sentiment de culpabilité quand je ne fais pas assez de ces choses qu’il « faut » faire…
    Mais en tout cas, j’adore le concept de ton blog et tes photos! 😉 Alors courage!

    1. Léa

      Merci Pauline ! Oui, je crois que c’est ça, l’appel de la gambade plus fort que le reste. Heureuse de voir que je ne suis pas la seule ! (:

  2. Stephanie

    Ouh là, tu es loin d’être la seule, on est au moins 2. Je me reconnais totalement dans ce texte !

    1. Léa

      Merci Stéphanie. C’est rassurant quelque part. (:

  3. Melannyrodrigues@hotmail.fr

    D’ordinaire, j’écris. Là, je me retrouve lectrice de ce que tu écris, d’une douce manière qui me fait écho.

    J’aurais pu écrire ce texte autant sur le fond que sur la forme, c’est incroyablement perturbant !

    Une jolie découverte ton blog.

    Floralement.

    Mélanny.

    1. Léa

      Merci Mélanny pour ton retour. Et je te souhaite alors de mener à bien tous tes beaux projets aussi !

  4. Stephane

    C’ Incroyable comme je me retrouve dans ces lignes. Comme si il fallait le cacher… ne pas le dire pour ne pas passer pour quelqu’un qui se plaint….qui ose dire que sa « vie stable » ne lui convient pas. Merci

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