Nick,

Je n’ai pas le temps de m’en rendre compte, que j’embarque déjà dans l’avion. Première traversée de l’océan voisin, premier long courrier, première fois en Amérique… Je m’envole pour New York. Dans le ciel au-dessus de l’Atlantique, Morphée me tend des bras chaleureux. Déjà ? Nous sommes arrivés aux États-Unis. Une semaine auparavant, je n’aurais pas pu imaginer me trouver ici. Marine m’a offert cette opportunité incroyable, que j’ai accepté, sans vraiment réaliser. Partir à New York ? Jeudi prochain ? D’accord alors ! Je ne sais pas vraiment ce que je vais y faire, ce que je vais y voir… je pars, et c’est là le principal !

Me voici donc dans les les rues de New York. Je marche, je marche et je marche encore. La ville me semble familière. Partout où je me rends, je reconnais des endroits que je n’ai jamais vu. Les noms des quartiers sont déjà intimes à mes oreilles. New York, te connaitrais-je déjà ? Ces immeubles qui cherchent à gratter le ciel, ce damier de rues larges, cette danse incessante de taxis flamboyants, ces échelles accrochées aux façades de briques rouges… je reconnais tout. Je marche dans un film, je me promène dans une série. J’ai pris part à cette grande fiction.

Me voici donc dans les rues de New York. Je marche seule. Je m’arrête un instant ; rien ne s’arrête. Je cherche à comprendre la logique de ce mouvement fluide, qui, pas un instant, n’hésite. Je m’extrais de la foule en levant le nez. Les immeubles, tout autour de moi, ne peuvent être vus entiers sans ce mouvement de tête. Je suis minuscule au milieu de ces tours. Je suis immobile au milieu de cet infatigable va-et-vient de corps et de carrosseries. Je suis insignifiante, une parmi des millions. Je suis si petite, je me sens humble et je me sens reconnaissante d’être là, de voir, de ressentir.

Les jours défilent, j’avais l’impression de connaître New York à mon arrivée, aujourd’hui j’en fais partie. Je prends le métro, mon donut à la main, je ne regarde plus la carte, je sais où je vais. Je réponds lorsqu’on me demande une indication. Je râle un peu lorsqu’il y a des travaux sur ma ligne (oui, car j’ai une ligne), mais je sais trouver un autre itinéraire. Dans la rue, je compte en blocks. Dans ma tête, je pense en anglais. Je vais travailler, j’ai mes petites adresses préférées… Je suis new-yorkaise. Pendant deux semaines, le temps a suspendu sa course pour être témoin de la mienne ; illusoire.

Quand je suis partie, tu m’as souhaité un bon retour à la réalité. Tu ne croyais pas si bien dire. Je passe plusieurs heures à l’aéroport de Paris avant de prendre un train ce soir. J’essaie de me souvenir de petits détails, de preuves. Je sais que, dès demain, la réalité reprendra son court. C’est une autre course qui m’attend. Tout sera comme je l’ai laissé. Comme si New York n’avait jamais existé.

Je t’embrasse.

Léa

Visiter New York
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