Marco,
Je ne sais même pas si tu te souviendrais de nous. Peut-être as-tu l’habitude de t’attabler avec des inconnus pour discuter. En tout cas, moi, tu m’as marquée, et c’est pourquoi je t’écris aujourd’hui.
A Bruxelles, j’ai rencontré un personnage, aussi mystérieux que drôle. Et cette rencontre-là marquera à jamais ma première bière belge en Belgique. Et oui ! tu ne croyais quand même pas que tu allais me faire oublier si facilement que j’ai rempli un des objectifs de ma bucket list ce soir-là ? Le piquant de ton humour s’est parfaitement accordé avec l’amertume du houblon.
J’ai rencontré un photographe.
Entre deux traits d’humour, j’ai réussi à te demander ce que tu faisais dans la vie. Photographe. Lorsque Marine t’a proposé d’utiliser son appareil photo, tu t’es transformé. Mais quel sérieux derrière l’objectif ! Ce qui m’a surtout marquée, c’est que ce n’est qu’à ce moment que j’ai croisé ton regard. Sans appareil photo, tes yeux fuyaient les nôtres. C’est comme s’il te manquait quelque chose. Cet objet te rend entier. Tu deviens intense et sérieux. Tu nous expliques avec gravité qu’il ne faut pas avoir peur de trop se rapprocher pour faire un portrait. Tu nous a prises en photo, assez longtemps, en te déplaçant autour de nous. Tu as aimé ça, ça faisait trop longtemps que tu n’avais pas photographié à cause d’une mystérieuse opération que tu es venu faire à Bruxelles.
J’ai rencontré un homme humble.
Tu n’es pas n’importe quel photographe. Tu es reporter. Tu as voyagé toute ta vie. Tu as vécu aux États-Unis, en Angleterre, en Angola, au Brésil et aujourd’hui en Italie. Tu as vu le monde entier. Tu as photographié la guerre. Les guerres, même. Tu as une histoire singulière que j’imagine mouvementée. J’imagine oui, car tu n’en parles pas vraiment. Tu l’abordes et tu passes à autre chose. Comme si tu ne voulais pas tacher l’heureux moment présent que nous partageons avec ces souvenirs. Comme si ça ne comptait pas vraiment après tout. Humilité, pudeur, lassitude ? Ça fait partie du mystère.
J’ai rencontré un homme qui ne savait pas rester sérieux.
Deux solutions pour fuir un sujet sérieux : faire une blague ou chantonner « While my guitar gently weeps« . Bon ok, je n’insiste pas. Revenons donc sur les querelles franco-flamandes. Il parait que le flamand n’est pas une langue, mais un mal de gorge. C’est ce que tu balances fièrement à ton acolyte Jean-Michel, qui a fini par nous rejoindre à force de nous entendre rire. Quel spectacle quand vous vous chamaillez. Jean-Michel est psychiatre, mais tu le présentes à tout le monde comme coiffeur, alors il te répond en criant « Fasciste ! Retourne dans ton pays ! ». La mise en scène est soignée. Vous cherchez à ce qu’on vous voit, à faire rire. Ce n’est pas la première fois que vous jouez cette scène. Après tout, un peu de légèreté ne fait pas de mal en ce moment.
Léa
Cet article a 2 commentaires
Chère Léa,
Encore une belle rencontre, que tu nous présente là!
J’aurais aimé discuter avec Marco aussi, apprendre de ses expériences.
Les photos qui illustrent cet articles sont tellement enjouées qu’elles m’ont mis le sourire aux lèvres !
Je te souhaite une bonne soirée, je reviendrais bientôt.
Je t’embrasse,
Marion
Chère Marion,
Oui, tu aurais sans doute beaucoup eu à partager avec ce Marco ! Il n’y a plus qu’à traîner dans les bars belges avec une bonne bière à la main ! 😉
À bientôt alors ! (:
Bons baisers.
Léa