La première semaine de mon voyage en Europe du Sud se termine. L’Italie m’en a mis plein les yeux. La Grèce – que je suis en train de rejoindre – est pleine de promesses. Je prends donc quelques minutes de mon vol reliant Rome à Athènes pour te raconter ce premier tiers de voyage.
Nous commençons ce voyage de mauvais augure. Le bus de nuit entre Lyon et Milan a plus d’une heure de retard. La correspondance que nous avons à Milan devient de plus en plus impossible à avoir. Nous tenterons quand même. Je dors profondément quand « Léa ! Léa ! Vite, on est à Milan ! ». Là, commence une course entre la gare routière et la gare ferroviaire. Sept minutes d’attente au premier métro. Nous n’y croyons déjà plus. Nous courons pour la forme. Chloé enchaine deux belles chutes. Tu parles d’un réveil ! Miracle ! le train que devons prendre a cinq minutes de retard. J’ai donc été mauvaise langue : il n’y a pas que les compagnies françaises qui ont du retard. On essuie la sueur matinale. On respire. Les chemins de fer nous mènent à la Spezia, notre première étape.
Les colorées cinque terre
La Spezia n’est pas très belle. Mais elle est pratique. Elle dessert les cinque terre en train, facilement, pour quatre euros le trajet, et permet de trouver un logement assez bon marché. Pour nous, ce sera du AirBnB. Le jour de notre arrivée, nous découvrons le village de Riomaggiore. Je ne sais pas si c’est parce que c’est le premier dans lequel nous nous rendons, mais c’est sans doute celui que j’ai préféré. Wow ! C’est l’onomatopée qui résume le mieux ce village de pêcheurs. Je suis dans l’eau, je me laisse bercer par les légères vagues et je fais face à cette multitude de façades multicolores dans un relief splendide. J’ai l’impression d’avoir plongé dans un fond d’écran Windows. Alors, évidemment, c’est très touristique à cette période de l’année. Mais le plaisir reste intact.
(À ce moment-là de la rédaction, je m’endors quelque part dans le ciel entre l’Italie et la Grèce. Je sais pourtant que je suis incapable de ne pas dormir dans les transports. Je finis de t’écrire de retour à Lyon, des semaines plus tard.)
Pour notre second jour dans les cinque terre, nous voulons faire la randonnée qui relie les cinq villages entre eux. S’il n’y avait qu’une chose à faire là-bas, ce serait clairement ça. Bon, je te spoile la fin de la journée, mais nous ne l’avons pas faite. Nous nous rendons dans le dernier village des cinque terre, dans l’idée de remonter à pieds jusqu’au premier. Une fois sur place, nous repérons le nom du prochain village, nous trouvons le début d’un chemin de randonnée pour nous y rendre et nous sommes parties. La randonnée est plutôt difficile : que de la montée, que des rochers, des chemins qui n’en sont pas vraiment et un soleil de plomb. Nous n’étions pas préparées à tant de difficulté : nous n’avions pas assez d’eau et nous avons choisi les pires heures de la journée. Mais les paysages sont splendides. Ça m’a fait penser aux calanques dans le Sud de la France : des falaises et la mer turquoise qui se confond avec le ciel. Au sommet, nous apercevons Monterosso al Mare où nous nous rendons. Tout petit, tout en bas. Nous finissons la randonnée en courant. L’appel de la mer ! Épuisées, mais fières de nous, nous arrivons dans ce qui en fait le dernier village des cinque terre. Celui duquel nous aurions dû partir. C’était donc pour cela qu’il n’y avait personne tout du long de cette randonnée réputée très touristique ! Tout s’explique. Un bain de mer et une sieste sur la plage plus tard, nous rejoignons Manarola en train. Nous nous promenons dans ses rues animées et colorées et nous admirons le magnifique coucher de soleil sur le port. Oui, je me répète, mais : WOW !
Pour notre dernier jour dans ce fond d’écran Windows, nous visitons les deux derniers villages des cinque terre. Verazza tout d’abord. Finalement, c’est peut-être bien lui le plus beau. Nous nous baignons dans cette eau si chaude. Devant nous, le vert des vignes qui relie le bleu du ciel à celui de la mer. Derrière nous, toujours ces façades incroyables. À Vernazza, il est assez facile de prendre de la hauteur pour avoir une vue à couper le souffle sur tout le village. La rando officielle passe d’ailleurs dans les hauteurs du village. Nous ne la ferons pas, car elle est payante et un peu trop chère pour notre petit budget.
Si tu te rends aux cinque terre, je te conseille de prendre la cinque terre card en vente dans les gares. Pour seize euros, elle te permet d’avoir accès à tous les trains autant de fois que tu souhaites, ainsi qu’à la randonnée, et ce pour vingt-quatre heures. Cela te permet de faire les cinq villages dans la même journée. Mais pour cela, lève-toi tôt (surtout s’il fait chaud) !
Le dernier village est Corniglia, perché tout en haut d’une montagne. Le soir venu, nous reprenons le train pour la seconde étape de notre voyage : Florence !
La belle Florence
Ah Florence, Florence, Florence ! Comme j’ai pu en rêver… Je crois que la ville a pris une belle place dans ma bucket list depuis que j’avais lu Inferno de Dan Brown. L’intrigue se passe à Florence, puis à Istanbul. J’étais allée à Istanbul juste après ma lecture et je me souviens avoir visité Sainte Sophie avec cette incroyable sensation de connaître les lieux. Ça n’a fait que nourrir mon envie d’explorer le duomo de Florence, qui tient une place si importante dans le bouquin.
Bref, le duomo, c’est pour demain. Nous arrivons à Florence alors que la nuit est déjà tombée. Le camping où nous logeons est tout à côté de la place qui offre la plus belle vue sur la ville : la place MichelAngelo. Nous ne pouvons pas rêver meilleure introduction.
Réveil tôt le lendemain, nous partons à la rencontre de la belle. Le temps ensemble est compté. Nous commençons par le ponte vecchio, ce pont vieux de 1900 ans sur lequel s’accrochent de magnifiques boutiques. Toutes brillent de mille feux. Pour cause : les boutiques du ponte vecchio sont spécialisées dans l’orfèvrerie et la bijouterie depuis l’époque des Médicis qui avaient à traverser le pont régulièrement.
Nous continuons avec le duomo. Non mais le duomo quoi ! Je voudrais qu’on crée une huitième merveille du monde rien que pour cette perle architecturale. Tous ces détails, toute cette finesse… et c’est si grand ! Sincèrement, je ne peux pas te raconter le duomo. Il faut que tu voies ça de tes propres yeux. Et si tu peux, réserves un billet en avance pour monter dans la coupole (et envoie-moi des photos !). Nous n’avons pas pu le faire, c’est pourquoi je sais que je reviendrai. Ah, et quand tu iras, pense à prendre de quoi te couvrir les épaules et les jambes. Sinon, tu ne peux pas rentrer à l’intérieur. Et ce serait vraiment dommage.
C’est donc avec des étoiles plein les yeux (et de nouvelles écharpes) que nous continuons notre exploration de la ville. Nous nous perdons avec plaisir dans ses rues qui sentent le cuir, sous le regard de toutes ses statues plus impressionnantes les unes que les autres. Nous partageons un petit moment avec un vieux monsieur qui habite Bologne et qui est ravi de parler français. Il nous parle de l’importance de la compréhension lorsque l’on voyage avec quelqu’un.
Pour finir cette journée en beauté, coucher de soleil sur la place MichelAngelo. Si tu lis mes cartes postales, tu connais déjà mon amour inconditionnel pour le lever et le coucher de cette boule de feu. Florence c’est déjà fini. Le lendemain matin, le train nous mène à Naples.
La vivante Naples
Quel contraste à l’arrivée ! Naples n’est pas comme les villes d’Italie du Nord, pleines de monuments historiques, tous beaux tous propres. Les touristes ont été remplacés par les locaux, qui sont toujours prêts à t’aider si tu as l’air perdu. Naples vit ! J’aime déjà son ambiance.
Nous passerons notre première journée à Sorrento, que je ne te conseille pas forcément. Par contre, s’il y a bien une chose que je peux te conseiller les yeux fermés, c’est le Pizza Hostel, l’auberge de jeunesse où nous étions. Un vieux sicilien qui ne parle pas un mot d’anglais nous y a cuisiné des superbes et généreuses spécialités de chez lui, les deux soirs où nous y étions. La tablée était aussi conviviale qu’internationale. J’adore ces ambiances !
Le lendemain, nous prenons le train pour Pompei qui est à quarante minutes de Naples. Nous nous promenons toute la journée dans la ville qui a près de deux milles ans ! Nous entrons dans les maisons, visitons les commerces et les termes. Nous nous rendons compte d’à quel point la ville devait être colorée avec toutes ses fresques. Quel privilège d’en avoir un aperçu si longtemps après. Nous rencontrons même ses habitants, figés à jamais dans la position dans laquelle les a surpris la lave. Tout du long de la visite, le Vésuve est là, géant endormi à la silhouette menaçante.
Nous finissons la journée dans les rues de Naples, près de son port, au pied de son château… C’est définitif, j’aime cette ville pour toute la vie qui en émane.
Nous retrouvons notre chef sicilien. Poisson ce soir !
L’attendu Vatican
Le lendemain, je quitte les Chloés pour passer quelques heures seule à Rome. C’était d’ailleurs la ville de mon premier voyage solo en février. La réception d’une relique m’avait alors empêchée de visiter le Vatican. Je m’empresse donc d’aller dans la cité-État et je me laisse éblouir par la basilique Saint Pierre. Depuis son sol tout d’abord, puis depuis son dôme, six cents marches plus haut. J’ai alors une petite pensée pour Youssef, ce très jeune égyptien rencontré en février lors de son tour d’Europe en stop. Il rêvait de voir la place ronde du Vatican. Je lui envoie une photo du haut de la coupole.
Ma semaine en Italie se termine dans un avion qui vole en direction de la Grèce. Je sors mon carnet, désormais habillé d’une couverture en cuir florentin, et je commence à t’écrire une lettre pour te raconter ce pays si riche, avant de m’endormir. Je me réveille à Athènes sans pouvoir imaginer de quoi seront faites ces deux prochaines semaines de voyage.
Je t’embrasse.
Léa