Pendant des années, si tu me demandais où je souhaitais m’envoler si l’on m’offrait des billets d’avion, je te répondais « La Tanzanie ». Oui, c’était la Tanzanie qui était tout au sommet de ma longue liste de destinations rêvées projetées. La Tanzanie que je me gardais pour une occasion spéciale, pour quand j’aurais gagné au loto… Elle me paraissait aussi belle qu’inaccessible. C’est un voyage loin et cher, un pays dans lequel mon pouce aurait eu bien du mal à me conduire sur mes quelques semaines de congés payés.
Je crois que cette obsession pour la Tanzanie me vient d’un reportage télévisé. Pour dire que ça date, ça fait bien longtemps que je n’ai pas allumé une télé ! On y voyait des Massaïs, ils étaient grands, ils étaient impressionnants et ils buvaient le sang chaud d’une chèvre qu’ils venaient tout juste de tuer. On y voyait des animaux, solitaires ou en groupes, ils survivaient dans les paysages à couper le souffle de la savane. On y voyait des bateaux avec une belle voile blanche naviguer sur des eaux d’un bleu qui piquait les yeux.
Je n’ai pas gagné au loto, je n’ai pas (encore) fêté mes 30 ans, je ne me suis pas mariée… L’occasion spéciale est arrivée avec la démarche chaloupée d’un pirate. Oui, rien d’autre qu’une erreur de prix repérée sur le site de voyages pirates. Un aller-retour à 200 €. Et mon rêve était à ma portée.
Je suis allée en Tanzanie. Je me répète encore cette phrase, elle est si douce. Je suis allée en Tanzanie. Ça sonne un peu comme « J’ai gagné au loto ». Je suis allée en Tanzanie et j’ai réalisé un putain de rêve de gosse.
Et aujourd’hui, je partage ce rêve que j’ai réalisé avec toi, à travers 25 cartes postales (tu sais bien que j’aime tant ça). Peut-être rêves-tu aussi de ce lointain pays.
Le lac de Manyara
Premier jour de safari. Nous sommes arrivés hier soir à Arusha après plusieurs jours de voyage. Et c’était loin d’être évident de se retrouver dans le tumulte des villes tanzaniennes. Dar es Salaam nous aura bien fait courir ! Ce matin, nous sommes partis avec Arnold, notre guide, pour le parc autour du lac de Manyara. C’est un parc qui est assez prêt d’Arusha (une centaine de kilomètres) et qui peut facilement être parcouru en une journée. Une parfaite entrée en matière ! Sur le chemin pour le parc, nous avons pu observer de nombreux Massaïs et leur troupeau. Parfois tout un grand groupe de vaches géré par un enfant et un bâton ! Et des femmes qui transportent sur leur tête des kilos et des kilos d’eau, de riz, de fruits ou de tout ce qu’il faut porter. On en croisera plus tard avec leur sac à main posé sur la tête ou bien même avec une machette. Je me fais la remarque que ça leur offre une démarche très élégante. Sur la route pour le parc toujours, des éléphants. Oui, deux beaux éléphants, les tous premiers que je vois dans leur milieu naturel. Ils me semblent tous près. Je demande à Arnold s’ils n’ont pas peur des voitures, mais non, ceux-là y sont habitués et les braconniers se font plus rares dans le Nord du pays.
Une fois dans le parc, nous avons pu observer de nouveau des éléphants. Parfois de très très près. Ils frôlaient la voiture. J’étais très émue et impressionnée d’être là. Si j’avais tendu la main, j’aurais pu les toucher. Mais tu te rends compte ? En venant ici, je n’imaginais pas un instant que nous pourrions tant les approcher sans les effrayer. Quelle chance nous avons eu !
Et puis nous nous sommes également régalés à observer les petits singes. À les voir prendre soin les uns des autres, se chamailler, jouer, sauter partout… Certains étaient vraiment tous jeunes.
Deuxième des « big five » que nous croisons après les éléphants : un buffle qui faisait une sieste dans une petite marre de boue. Et il avait l’air d’y être tellement bien ! Les big five ce sont cinq gros animaux de la savane, pour certains assez difficiles à observer. C’est Hemingway qui a inventé cette expression utilisée dans le livre « Les neiges du Kilimandjaro ».
Nous finissons notre visite du parc autour du lac. Le lac de Manyara, plus beau lac d’Afrique selon l’ami Hemingway, est renommé pour les très nombreux oiseaux qui y vivent ou qui y passent lors de leur migration. C’est absolument magnifique à observer ; j’aurais aimé que tu sois là pour voir ça ! Toutes les plus belles couleurs de l’Afrique sont réunies ici et la lumière de fin de journée apporte de la magie à la scène !
Nous finissons la journée dans un campement en hauteur, avec une superbe vue sur le parc. Nous montons la tente ; la même qui nous a suivi pendant tout le voyage en Islande. Une bière « safari », l’édition de quelques cartes postales et au lit. Demain matin, nous décollerons à 6h !
Je t’embrasse.
Léa
Le cratère du Ngorongoro
Deuxième jour de safari. C’est lundi matin. Nous quittons le camp au lever du jour pour nous rendre dans le parc que j’attendais le plus : le cratère du Ngorongoro. Sur la route, les enfants sont nombreux, ils ont revêtu leurs uniformes et se dépêchent d’aller à l’école. Généralement, c’est une longue route qui les attend.
Arrivés dans le parc, nous découvrons le cratère qui s’étend devant nos yeux. C’est en fait une caldeira, nous explique Arnold. La plus vaste du monde qui est intacte ! Un jour, un volcan s’est effondré sur lui-même ici et je n’ose pas imaginer la taille qu’il faisait (Google l’imagine bien plus haut que le Kilimandjaro !).
Nous descendons les parois du cratère sur des pistes très escarpées. Arnold nous fait alors découvrir le massage africain fait des secousses de la piste. Une fois en bas, la journée commence très fort : nous croisons des lions. Les tous premiers. Et le troisième des « big five ». Quelle émotion encore une fois d’observer le roi des animaux dans son milieu naturel.
Mais plus loin, c’est une autre scène exceptionnelle qui nous attend. Elle se passe tout autour de la bien nommée « hippopopool » dans laquelle se prélassent des dizaines d’hippopotames paresseux.
Au-dessus des hippopotames, un troupeau de buffles se déshydrate. Un groupe de lionnes est là aussi. Elles ont faim. Un buffle est chargé de garder seul tout le troupeau. Il se lance alors dans un combat de regards avec la lionne. Un pas de trop et il fait signe de charger. La tension est palpable. La lionne reste prudente mais la tentation est grande. Dans le groupe, les lionnes sont jeunes et certaines attendent des lionceaux. Ce n’est pas vraiment le groupe de chasse idéal. Le buffle le sait. Mais sait-on jamais. La faim pourrait prendre le pas sur la raison et il n’est pas prêt à baisser la garde pour lui laisser une occasion d’essayer.
Derrière cette scène, un autre moment d’exception se joue. On vient d’apercevoir un rhinocéros noir. Il n’est pas très loin. Nous quittons les lionnes et les buffles des yeux pour observer l’animal. Il est très rare de pouvoir en voir et nous avons une chance inouïe. C’est bien plus gros que je ne l’imaginais un rhino ! Quatrième des « big five ».
Ces grosses bêtes nous feraient presque oublier la beauté de celles qu’on croise en troupeaux ! Ici, la poussière rend les zèbres roux. Il est maintenant temps de sortir du cratère.
Mais Ngorongoro nous réserve une dernière surprise. Alors que nous étions presque sortis du parc, Arnold s’arrête. Sur le bord de la piste, un lion et une lionne font une sieste dans les buissons. Ils sont tout à côté. J’entends leurs respirations. Nous ré-ouvrons le toit du 4×4 pour pouvoir mieux les voir. Le lion a été réveillé par le bruit de la voiture. Il nous regarde, se recouche. Nous sommes toujours là. C’est alors qu’il nous rugit dessus. Il veut être tranquille pour sa sieste avec madame ! Et nous, nous ne faisons pas les fiers après s’être faits grondés par un lion, à quelques mètres de nous. Le toit ouvert ! Allé, bonne sieste.
Des baisers.
Léa
Le parc de Tarangire
Troisième jour de safari. Nous n’avons pas eu assez de budget et de temps pour pousser jusqu’au Serengeti, le parc le plus renommé de Tanzanie (voire d’Afrique), tout à côté du cratère du Ngorongoro. Mais pas de regret, ça aurait été la course, et le parc du Tarangire nous ouvre des bras plein de promesses. Il serait réputé pour ses baobabs et ses éléphants. Ça sonne pas si mal, n’est-ce pas ? Le Serengeti, ce sera donc pour la prochaine fois ! (Tu me vois venir ? Je commence à récolter les excuses pour revenir.)
Et puis, dès l’entrée dans le parc, les paysages sont à couper le souffle ! Les infinies étendues sèches de la savane sont surplombées par de majestueux baobabs. Mais que ces arbres sont beaux ! Ici, ils ont été abîmés par les éléphants qui mangent et qui se frottent contre l’écorce. Tu as vu celui-ci ? Il est couronné de vautours qui guettent.
Un peu plus loin, un léopard nous attend, perché sur une branche sur laquelle il s’offrait une petite sieste. Mais quel bel animal ! Il finit par descendre de son arbre sous nos yeux ébahis de le voir se mouvoir avec tant de grâce… et finit sa sieste à l’ombre. Dernier des »big five », et sans doute le plus beau de tous.
Nous passons ensuite un long moment tout près d’un point d’eau où de nombreux animaux viennent boire. C’est d’abord le tour des éléphants qui sont assez gros pour qu’on les laisse tranquilles dans l’eau. Les jeunes en profitent pour patauger joyeusement. Puis les zèbres, très joueurs et donc très agités, qui sont arrivés en nombre une fois la soif des éléphants étanchée. Les timides girafes précèdent les bruyants et colorés petits oiseaux. Quelques gnous, antilopes et singes se mêlent alors à la fête. Seule la très prudente autruche s’est figée près de l’eau, attendant que le calme ne revienne. Et une fois tous les animaux éloignés, elle est restée immobile. « Un pas par là. Personne ne me voit. Encore un. Jusqu’ici tout va bien. Bouge plus ! un petit oiseau est passé trop près. Ok, ça va, on recommence à avancer… Mon Dieu, une zèbre ! Je pars en courant. » Sans avoir bu…
Pour la pause déjeuner, quelques singes sont à côté. Ils sont beaucoup trop mignons pour que je ne résiste : je ressors l’appareil photo. D’autres en profitent pour se faufiler dans la voiture et nous piquer quelques gourmandises. Tandis que les oiseaux guettent les miettes perdues.
La journée se poursuit et nous croisons d’autres beaux animaux, petits ou gros, que je prends plaisir à photographier de tout près.
Ce soir, nous dormirons dans le parc, ce qui nous permet de rester un plus tard et d’apprécier la lumière qui se fait de plus en plus rasante. Ce soleil qui se couche sur la savane, c’est juste un spectacle incroyable. Et ce soir, l’atmosphère est lourde de poussière : il va pleuvoir. C’est magnifique.
Nous roulons à vive allure vers le campement. Le soleil s’approche de plus en plus de l’horizon. Sur le bord de la route, les baobabs s’enchaînent. Et tu me connais, j’étais déjà plus qu’heureuse devant ce panorama. Mais la voiture ralentit. S’arrête. Un éléphant traverse, juste devant nous. C’est l’histoire de quelques secondes à peine, mais cet instant restera gravé un long moment en moi.
Quatrième et dernier jour de safari. La journée commence comme elle a finit la veille au soir : des éléphants, des girafes. Et l’émerveillement reste intact.
Nous devons quitter le parc assez tôt aujourd’hui pour avoir le temps de rentrer jusqu’à Arusha. Mais Arnold voudrait que nous puissions voir un guépard avant de quitter la brousse. Et comment dire que nous en avons très envie aussi. C’est avec une radio cassée qu’il essaie de trouver un guépard au milieu de l’immensité du parc de Tarangire. Il échange quelques mots avec les guides qu’il croise, part dans une direction, puis une autre. Un sourire pointe au coin de ses lèvres, je crois qu’il a une piste.
Et en effet, le 4×4 finit par nous conduire tout près d’un arbre. En-dessous il n’y a pas un, mais deux guépards qui se reposent après avoir entamé de manger une antilope fraîchement chassée. C’est une maman et son petit. Ils nous regardent avec leurs beaux yeux cernés de larmes noires. Encore une fois, je me sens si chanceuse d’être ici. Merci Arnold !
Nous prenons le chemin du retour après quatre jours magiques. Des images et des couleurs plein les yeux (et l’appareil photo). Oui, c’était vraiment une expérience exceptionnelle, et si tu en as l’occasion : fonce !
Maintenant, ce sont d’autres paysages de cartes postales qui nous attendent. Demain matin, nous prendrons un bus, puis un bateau, pour rejoindre Zanzibar. J’ai hâte.
Je t’embrasse.
Léa
PS : Et maintenant ? Maintenant que ce rêve est réalisé, que trouve-t-on au sommet de mes destinations rêvées ? La Namibie mon ami. Et oui, l’Afrique sub-saharienne alimente tous mes rêves. Et toi ? Où t’envolerais-tu si je t’offrais des billets d’avion ? (Dis-moi, sait-on jamais que je gagne au loto. ;))
Cet article a 6 commentaires
Tu me fais rêver avec ce voyage. Et les photos !!!
4 jours t’a semblé suffisant pour t’imprégner de l’ambiance de la Tanzanie ? Tu recommandes une agence en particulier pour le safari ? 🙂
Merci Céline ! 🙂
Quatre jours m’ont paru suffisant pour un safari même si je serais très très volontiers rester plus. Je pense que c’est un minimum. Également, je suis un peu frustrée de ne pas avoir pu passer plus de temps sur le continent, hors safari, pour visiter un peu par mes propres moyens… Mais ce sera pour la prochaine fois !
Je ne recommande pas forcément une agence en particulier mais suis contente de celle par laquelle je suis passée, à savoir Kilidove.
Bonne préparation de voyage si c’est le cas ! 🙂
Bonsoir
Je pars en Tanzanie dans quelques semaines. Quel appareil photo as tu utilise pour réaliser tes superbes clichés? et quels objectifs?
Merci
Bonjour Christine. Mon appareil est un Olympus OM-D EM5 MkII et j’alternais entre une focale fixe grand angle (15 mm de chez Lumix x Leica) et un téléobjectif (100-300 de chez Lumix aussi). Bon voyage !
Les photos sont magnifiques, ton récit me fait rêver ! Wahou la Tanzanie !!
Merci beaucoup Clara ! 🙂