Snorkelling faille Silfra Islande
Cher premier conducteur,  

Nous nous réveillons à Brùarfoss. Léo et moi nous chamaillons. Qui de nous deux bravera la fraîcheur du matin d’été islandais pour ouvrir la fenêtre de la tente et nous faire profiter de la vue sur la cascade ?  

Léo finit par céder. J’en profite pour glisser une lettre sur son oreiller (comprendre : sur sa veste roulée en boule).  

Je suis trop heureuse de pouvoir enfin lui offrir son cadeau d’anniversaire. Je suis de ceux qui ont beaucoup de mal à tenir leur langue (« Dis, dis, tu veux un indice ? »).  

Nous irons donc nager dans la faille de Silfra, entre le continent américain et le continent eurasiatique, cet après-midi.  

Tu sais, Léo est un plongeur. Il est né et a grandit aux Antilles et connait parfaitement leurs eaux chaudes et poissonneuses. Il m’avait parlé de son envie de plonger en eaux froides. Exotisme absolu.  

Deux degrés m’ont semblé assez froid. L’eau dans la faille de Silfra vient directement des glaciers. Elle a ensuite été filtrée pendant plusieurs dizaines d’années à travers la roche volcanique. C’est la pureté de son eau qui rend ce site si exceptionnel. Elle est d’ailleurs tellement pure, qu’aucun poisson ne peut y vivre.  

Après une dernière marche le long de la rivière, quelques portraits de chevaux qui étaient venus brouter le dessus de mon sac à dos (je n’ai pas compris non plus), nous tendons donc de nouveau le pouce pour retourner à Þingvellir. Nous avons bien failli ne jamais arriver à l’heure. Les aléas du stop… Une magnifique mamie islandaise et voyageuse nous a sortis de l’impasse en nous conduisant directement au lieu de rendez-vous.  

Nous rencontrons alors Marie. Marie est une saisonnière française, passionnée de plongée, de nature et de voyages. Une fille intéressante quoi. Après quelques explications, elle nous aide à nous équiper de la combinaison étanche, et ce n’est pas une mince affaire !  

Quelques mètres à parcourir et nous voici au bord de la faille. Nous enfilons les palmes, le masque et le tuba et nous nous mettons à l’eau.  

Ah oui quand même ! C’est vraiment froid deux degrés ! La bouche n’est pas couverte et les lèvres piquent. Les gants s’humidifient et les mains perdent de leur habilité. On commence à nager.  

S’habitue-t-on au froid ou l’oublie-t-on juste face à la beauté des paysages qui s’étendent devant nos yeux ?  

Oui, je parle de paysages. L’eau est tellement claire, que l’on voit comme en plein air, aussi loin que nos yeux sont capables de voir. Et par endroit, la faille est profonde de quarante mètres ! C’est d’ailleurs pour ça que j’ai choisi le snorkelling, et non pas la plongée. Tous les avis que j’ai pu lire convergeaient dans ce sens : les plus belles vues étaient accessibles d’en haut, la plongée ne rajoutait pas vraiment de valeur à l’expérience (outre la valeur financière).  

Nous sommes restés environ trente minutes dans l’eau à nager dans la faille. Les paysages sont bien plus variés que je ne le pensais. Nous avons parfois le vide sous nous. Nous nageons parfois dans des passages très étroits. Nous arrivons au final dans un large lagon.  

Il faut que je te parle maintenant de ces couleurs. Je ne sais pas quels mots choisir pour rendre justice à la variété, à l’intensité, à la pureté de tous ces bleus que l’on rencontre sous l’eau… La roche, elle, se teinte parfois de rouge. Et plus loin des algues d’un vert insolent, presque fluorescent, recouvre le dernier passage pour atteindre le lagon. Le résultat semble irréel. J’avais vu de nombreuses photos et vidéos mais rien, non rien, ne prépare à l’existence de ces couleurs, toutes réunies en un même lieu !  

Marie nous fait découvrir sa vue préférée puis nous invite à jouer un peu sous l’eau pour varier les sensations. Nous en profitons pour boire en grosses goulées cette eau parmi les plus pures du monde.  

L’expérience fut exceptionnelle.  

Un chocolat chaud plus que bienvenu et nous voici de nouveau sur la route.  

Je te joins à cette lettre quelques photos. Ce sont les seules que j’ai de ce voyage puisqu’elles ont été prises par Marie.  

Je te raconte la suite rapidement.  

Je t’embrasse. 

Léa 

Snorkelling faille Silfra Islande

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Cet article a 4 commentaires

  1. Marine

    Ca avait l’air vraiment super ! On a manqué de temps (et de budget), mais on le met sur notre liste pour le prochain Voyage islandais !
    Merci pour ce partage d’expérience !
    Tres belles photos au passage 🙂

    1. Léa

      Oui clairement, à faire pour votre prochain voyage ! (: On s’y croisera peut-être de nouveau. 😉

  2. Itinera Magica

    Ah plonger entre les deux continents ! cette faille me fascine complètement. J’avais fait un article Islande/Açores sur mon blog où je parlais de cette dorsale, des filles du feu, soeurs secrètes, qu’elle avait engendrées, de la beauté des secrets tectoniques… Plonger là où la carapace se brise, ça doit être hypnotisant. Merci pour ce joli morceau de rêve !

    1. Léa

      Oui, j’avais lu cet article juste avant de partir en Islande et j’avais été étonnée de tous les points communs de leurs paysages ! Et plusieurs fois pendant le voyage, j’y ai repensé (surtout quand j’avais trop froid), en me disant qu’il faudrait vite que j’aille constater ça de mes propres yeux. 😉

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