Portugal en auto-stop
Portugal, 

Je t’écris pour te dire que je t’aime.  

J’ai fait ta rencontre l’année dernière, timide. Je suis revenue, curieuse. J’avais envie de plus, de te connaître plus. J’avais envie de te présenter à Léo. Je savais qu’il t’aimerait aussi. Portugal, je t’aime et je reviendrai te voir. 

Porto

Visiter Porto
Porte d’entrée de notre histoire, Porto. C’est là que je t’ai rencontré. Pas si loin de chez moi finalement. Dans tes rues, la langue de Camões se mêle souvent à celle de Molière. Dans tes rues, elle vole, elle danse, la musique de tes mots. Elle rebondit entre tes façades de faïence, se pare de toutes leurs couleurs, de tous leurs motifs. En dansant, elle brasse le linge qui sèche aux fenêtres des maisons, parfumant les rues de cette odeur de propre. Les mots chantent maintenant. Ils volent jusqu’au sommet de la ville. Là, ils s’évaporent. Je pense qu’ils sont partis raconter au ciel tout le bleu de la ville. Le silence les succède. Je suis en haut de Porto sans m’en être rendue compte. Je me suis laissée perdre dans les petites rues pavées. J’ai suivi un chat. J’ai tourné à droite pour filer un fumet de poisson grillé. Je suis en haut et je ne parle plus. Devant moi, tu es là. Porto.  

Tu parais petit, vu d’en haut. Tu parais fragile, fendu en deux par ce fleuve. Devant moi, les façades en faïence forment un patchwork avec les plaques de taule, venues panser les baraques délaissées. Pourtant, tu grouilles de vie. Les gens se croisent dans tes rues, les enfants jouent, crient. Tout le monde vit dehors, au moins le temps d’un café en terrasse après manger.  

Marché à Porto
Les rues me mènent jusqu’au mercado bolhão. Tu sais, je crois que c’est mon lieu préféré à Porto. La dernière fois – la première fois donc – nous nous étions quittés ici. Quel pire endroit existe-t-il pour se séparer ? Je ne voulais que revenir. J’avais tant de choses à goûter ! Du poisson grillé, de la charcuterie sous toutes ses formes, des accras, un gâteau à la crème arrosé de vin de Porto… j’ai su nourrir ma frustration.  

Ne le dis pas, mais je crois que je t’aime plus que Lisbonne. 

Aveiro, Coimbra, Óbidos

Il est temps de nous quitter à nouveau. Je prendrai un train pour abréger les au-revoir et précipiter les nouvelles rencontres.
Visiter Aveiro
Salut Aveiro !  

On m’a parlé de toi comme la Venise portugaise ; je doute que la comparaison soit en ta faveur. Nous ne t’avons sans doute pas assez explorée pour pouvoir dire te connaître. Tu ne marqueras que le premier pouce levé de ce voyage. Qui ne le restera pas longtemps d’ailleurs… Coimbra ? Oui, le nom me dit quelque chose mais la ville ne fait pas partie de notre itinéraire. 

Visiter Coimbra
Salut Coimbra !  

Tes rues pavées grimpent grimpent grimpent jusqu’à toucher le ciel orageux. Ville étudiante, désertée l’été, tu nous laisses seuls parcourir les cours de ta fameuse université. Cette nuit, nous dormirons à tes pieds, perchés entre deux arbres, dans l’aire de pique-nique d’un parc. Il est temps de reprendre la route. Les au-revoir laissent des traces, je pars avec quatorze boutons de moustique sur la moitié gauche de mon visage. Ce soir, Fernando nous attend à Lisbonne.  

Visiter Obidos
Un adorable couple de Fatima et un prof de sport plus tard, nous nous arrêtons à Óbidos le temps de boire un peu de ginjinha dans un verre en chocolat et de nous perdre dans les petites rues blanches et bleues. Nous fuyons vite la rue principale, transformée en boutique de souvenirs, pour explorer au hasard les ruelles. Des fleurs partout, les remparts, un petit moulin, un mariage traditionnel, quel plaisir de marcher ces quelques heures dans Óbidos. 

Lisbonne

Visiter Lisbonne
Visiter Lisbonne
Ce soir, nous sommes à Lisbonne. Nous retrouvons Fernando, que nous avions accueilli quelques mois auparavant à Lyon.  

Une journée pour découvrir Lisbonne, une journée pour grimper de miradouro en miradouro. Une journée pour écouter la musique dans tes rues… Si je ne devais retenir qu’une chose de toi Lisbonne, ce serait ton ambiance. Celle sur cette place, aux pieds du château, un midi : un jazz band, des gens qui dansent au soleil, un verre de vin blanc du coin, des sardines en cornet … j’aurais pu rester toute la journée sur cette place. Ou l’ambiance du quartier de l’Alfalma le soir tombé. Les fêtes de la Santo Antonio se préparent : les rues se parent de guirlandes colorées, les barbecues fleurissent à tous les coins de rue et je me retrouve à me balader aux rythmes de la musique – oui encore cette musique – une sardine grillée que je devrais décortiquer avec les doigts dans la main gauche, une grande bière fraîche dans la main droite.  

Oui, Lisbonne c’est une histoire de rues, de sardines et de musique partout.  

Lisbonne, capitale populaire comme je les aime. Populaire. C’est peut-être ce mot, finalement, qui définit au mieux le souvenir que j’ai de toi. Populaire comme son fado, non pas ces spectacles de fado payants où tu ne croises pas un portugais, mais ce fado des bars de l’Alfalma (encore ce quartier !), ce fado chanté par la serveuse avant de laisser sa place au cuisinier, ce fado triste, ce fado heureux, ce fado puissant qui te raconte la saudade, ce fado populaire qui t’oblige à passer au milieu des musiciens pour aller aux toilettes. Je n’aurais pas osé faire pipi cette fois-ci…  

Ne le dis pas, mais je crois que je t’aime plus que Porto. 

Sintra

Visiter Sintra
Visiter Sintra
Quelques minutes de train plus loin… salut Sintra !  

Majestueux, tu nous observes arriver du haut de ta forteresse. Nous ne nous laisserons pas impressionner et grimperons pour saluer tes vieilles pierres, écouter toutes les histoires qu’elles ont à raconter… Le long de la muraille, notre imagination court à travers les siècles d’histoire.  

Et puis, entre deux remparts en pierres usées, au milieu de bois verts, une tache de jaune vif, une tache de rouge écarlate… Le palacio de Pena nous apparaît, excentrique de contrastes. Nous quittons les maures pour avancer de quelques siècles. Nous marchons, comme hypnotisés par l’audace de toutes ces couleurs assorties, comme sorties de nulle part. Salutations au triton et nous prenons un peu de recul. Tu as peut-être déjà compris à quel point nous fuyons les foules. Au milieu des bois, un trône, celui de la reine, offre la plus belle vue sur le palais.  

Nous irons jusqu’au plus haut sommet, par plaisir, par habitude, avant d’entamer la descente. Sur le chemin, nous prenons le temps de nous perdre dans les labyrinthes sous-terrain et les grottes du domaine de Regaleira.

La côte Atlantique du Portugal

Cher Portugal, assoiffés de nature et de paysages waouh, nous reprenons maintenant la direction de ton Sud. Nous n’imaginons pas encore à quel point tu sauras nous surprendre. Équipés de notre hamac et de notre popotte, nous filons droit sur l’Atlantique.
Visiter Vila Nova de Milfontes côte Atlantique Portugal
Arrivés face à l’océan, le soleil nous presse en se couchant ; nous devons monter le camp. Après une nuit dans nos arbres, nous découvrons le tableau : des falaises fleuries à perte de vue – rappelant un peu celles au large de Saint Malo – en bas une plage déserte. Non, pas déserte en fait, un pêcheur se tient là, en plein tête-à-tête avec l’immensité de l’Atlantique. Plus loin, les traces d’une bataille que l’océan a gagnée : un bateau échoué, trop fatigué pour réagir aux claques incessantes de l’eau… Aucun doute, cette plage est le lieu idéal pour faire notre vaisselle ! Nous descendons prudemment la falaise… Mais comment ce vieux pêcheur est-il arrivé jusque-là ?  

À l’extrémité de la plage, un tunnel de roches qui mène à une autre plage. Et voilà, rien d’autre que nous et cette immensité sauvage. Oui, c’est certain maintenant, je t’aime Portugal !  

Nous traînerons le long de cette côte le plus longtemps possible. Notre prochaine étape n’est qu’à une poignée de kilomètres. C’est Fernando qui nous a conseillé et expliqué comment nous y rendre : c’est son lieu préféré dans le pays. Rien que ça !  

Zambujeira do mar côte Atlantique Portugal
Pas si facile d’accès, il doit être bien difficile de le trouver par hasard. Accompagnés d’un couple de voyageurs sud-africains qui nous ont conduits jusqu’ici, nous grimpons, nous escaladons, nous cherchons avant de tomber sur cette plage. Cette plage secrète, gardée par les cigognes. Sable fin, eau transparente, tout en bas de hautes falaises colorées, c’est la plage dont tout le monde rêve qui s’étend devant nous. La plage dont nous rêvions… déserte. Il faut que j’écrive une lettre à Fernando pour le remercier d’avoir partagé avec nous cet endroit magique…  

Nous profiterons plusieurs heures de notre plage secrète avant d’aller dormir, accrochés dans les pins en haut des falaises, lovés dans leur parfum, bercés par le claquement de bec des cigognes… Oh mais quelle nuit !  

Nous continuerons d’admirer cette côte sauvage et ces villages perchés depuis la route, du haut d’un camion, à l’arrière d’une voiture… Nous arrivons dans l’Algarve ! 

L’Algarve

Visiter Algarve Faro Portugal
Visiter Algarve Faro Portugal
Tu sais, je crois que c’est de cette région que j’attendais le plus. Et oui, elle est absolument magnifique, cette succession de falaises, coup sur coup rouges et dorées, plongeant vertigineusement dans une mer turquoise. C’est peut-être bien là que tes paysages sont les plus grandioses. Mais pourquoi tout ce béton, Portugal ? Pourquoi ces larges routes sur les chemins de randonnée ? Pourquoi ces tours étoilées qui tachent l’horizon ? Pourquoi ces piscines au bord de l’océan ? Pourquoi tous ces terrains à vendre sur nos sentiers ? Pourquoi toutes ces maisons en construction parfaitement identiques à celle du voisin ? Portugal, je t’aime, mais prends soin de toi. Ton charme est sauvage.  

Nous avons marché longtemps sur cette roche chaude. Il reste encore largement de quoi combler des amoureux de la nature, même à pied. Mais pour combien de temps ? Entre Lagos et Faro, nous n’avons croisé que des villes… Et pourtant nous avons pris notre temps à faire ce trajet, contre notre gré, auto-stoppeurs désespérés que nous étions sur cette côte qui a joué de notre patience.  

Une dernière nuit au milieu des bois à l’extrémité Sud-Est du pays et nous te quittons. Demain, nous serons sous le soleil andalou.  

Prends soin de toi, Ô beau pays ! Nous reviendrons te rendre visite, nous attarder davantage sur la côte entre Lisbonne et l’Algarve, percer d’autres de tes secrets… À bientôt.  

Je t’embrasse. 

Léa

Tu aimeras aussi lire :

Cet article a 9 commentaires

  1. Amandine

    Je suis tombée amoureuse du Portugal également l’année dernière !
    Je n’ai fait que Porto, Guimaraes.. je me suis cantonnée au nord du fait de la famille de mon copain mais ça ne pouvait pas être une plus belle entrée en matière.
    J’ai juste envie d’y retourner à nouveau et de découvrir le reste. Merci pour cette mise en bouche ^^

    1. Léa

      Ce doit être superbe de découvrir avec quelqu’un qui connait bien ! J’espère que tu pourras y retourner vite. (:

      1. Amandine

        Oh oui c’est complètement différent, plus intimiste,
        on découvre des choses sur l’histoire même du pays, de la ville, des habitants…
        Si ça t’intéresse j’en parle à travers les yeux de ma belle-mère dans un de mes récits : http://www.regardlointain.com/rosa-portugal-50-ans

        J’espère y retourner bientôt oui 🙂

  2. Defranoux-Cadart Anne

    Je me suis régalée de te lire, ma Léa et les photos de ce beau pays me donnent l’impression de le visiter, grâce à toi. Tu racontes si joliment, merci mille fois de permettre que j’en profite. Gros, gros bisous à partager.
    Mamie Anne.

  3. Très belle lettre et tout aussi magnifiques photos.
    On a envie de re-découvrir le Portugal ! J’admire le fait que vous dormiez en hamac !
    Jamais de mauvaise surprise au réveil ?

    1. Léa

      Merci Corinne ! Et à part les boutons de moustique, on a toujours été bien tranquilles. On s’est même permis des grasses mat’. 😉

  4. Marine Nouhaud

    Wow Léa,
    Super article et magnifiques photos 🙂
    J’avais adoré Lisbonne et Sintra et je veux vraiment retourner au Portugal en Road trip !
    Peut être au printemps prochain – qui sait où je serai 😉
    Très agréable comme réveil en tout cas de lire tes mots 🙂
    Gros bisous de Ceoatie et à bientôt !!

    1. Léa

      Merci Marine ! (: Oui, il faut y retourner ! Et on se croisera alors, moi j’irai en Croatie, tu me donnes trop envie. 😉 Bisous et profite à fond !

Laisser un commentaire