Tori,
Je t’écris un petit mot pour te remercier, toi et ta famille, pour la soirée que nous avons partagée. Quelques heures dans votre petit restaurant, quelques rires et de bons plats, Léo et moi repartons avec un doux souvenir de votre belle île, et une bonne recette de poisson.
Nous marchions le long de la plage immense de Jambiani, au Sud-Est de Zanzibar. C’est la musique qui nous a fait nous arrêter. Bob Marley. C’est le jus d’avocat, annoncé sur la carte, qui nous a fait rentrer. Un escalier fait de sacs de café nous permet d’accéder à la salle du restaurant. Quatre tables, habillées de colorés kangas et de quelques coquillages, occupent la pièce. Nous nous asseyons et enfonçons nos pieds dans le sable blanc. Bob Marley est partout autour de nous.
Tu arrives, tout sourire. Il n’y a plus d’avocats. Tant pis, ce sera donc un jus de mangues.
Je réalise que nous sommes chez vous. Les quatre tables sont dressées devant votre maison. Modeste habitation en plein cœur du paradis. Vous habitez sur la plage de Jambiani.
Notre jus de mangues, les pieds dans le sable, les yeux dans le bleu du lagon et Bob Marley en fond, nous décidons finalement de rester pour manger un bout. Nous échangeons quelques mots. Tu souris toujours.
Un poisson pané aux cacahuètes pour Léo et du poisson en sauce à la coco pour moi. Nous nous régalons. Léo retrouve des saveurs qui lui rappellent son île mais les recettes ne sont pas les mêmes. Intimidé mais trop curieux, il se lance. Pourrait-on revenir manger ici et en profiter pour passer du côté de la cuisine, s’initier à ces délicieuses recettes ? Tu ris. C’est bien la première fois que quelqu’un te demande ça ! Mais tu ne réfléchis pas longtemps avant de nous dire en un sourire que nous sommes les bienvenus quand nous voulons.
Nous revenons donc, après deux journées à découvrir la côte de Zanzibar sur nos vélos grinçants.
Tu nous guides jusque dans la cuisine. C’est une petite pièce toute simple où pendent des casseroles sur tous les murs. Pas de four ni de plaque de cuisson mais deux petits réfrigérateurs rouillés, un bidon d’eau, un plan de travail en bois massif et deux réchauds.
Ton père est là. Celle que j’imagine être ta sœur aussi. Nous devinons un ventre bien rond sous son tee-shirt de l’équipe de football de Zanzibar. La famille va bientôt s’agrandir. Tu es le seul à parler anglais. Ta sœur semble toute intimidée. Elle n’a pas l’habitude d’être en contact avec les clients. Mais elle sourit tout autant. Je suis intimidée, moi aussi. Quelle chance d’être là ! Mais j’ai un peu peur de déranger. Je voudrais me faire minuscule.
Un tapis de sol, une bouteille d’huile, de la farine, un réchaud et une grande poêle, ta sœur s’installe par terre pour préparer des chapatis, ce pain indien qui accompagne tous vos repas. Je n’imaginais pas tant d’étapes, pas tant de manipulations pour faire cette délicieuse galette !
Léo propose d’aider en râpant la coco. Pas si facile que ça en a l’air. Tu ris de bon cœur en le voyant manœuvrer et lui montres comment procéder.
Le plat de résistance prend forme. Piler les cacahuètes, rouler le poisson dans l’œuf et dans la panure, faire frire, préparer du riz épicé, des bananes et de l’avocat en accompagnement… Ça sent tellement bon dans cette petite cuisine ! Toute la famille essaie de nous montrer, de nous expliquer les différentes étapes pour faire ce plat que nous avions tant aimé.
Les assiettes sont prêtes. Nous retournons à table, seuls dans le restaurant Scuola, sur la plage de Jambiani. Dégustation.
Rien que d’évoquer ce souvenir, l’eau me monte à la bouche.
Merci pour ce régal, merci pour ce temps partagé, merci pour ces sourires.
Je t’embrasse toi et ta famille.
Léa